Portrait • Le Foyer de Doux Août
Sur la route du sud de la France, je me suis arrêtée il y a quelques semaines pour passer un moment avec Pierre et Araceli, dans leur magnifique studio Doux Août, qui mêle architecture d’intérieur, direction artistique et sélection d’objets.
Je suis heureuse de pouvoir partager ce nouveau portrait avec vous et de vous faire découvrir leur univers unique et profondément authentique, tel qu’il se révèle à travers leurs multiples projets.
SI VOUS DEVIEZ DÉCRIRE VOTRE FOYER IDÉAL, QUELS MOTS, ÉMOTIONS ET IMAGES VOUS VIENDRAIENT SPONTANÉMENT ?
Le foyer, c’est d’abord la douceur. Que chaque clignement l’oeil se pose sur des éléments chaleureux, sensibles, qui évoquent tout autant la mémoire que l’évasion, l’ancrage et le rêve. C’est la nécessité d’une sensation d’alignement, de paix. D’harmonie entre les matières, la lumière, la nature, la mer.
QUELS SONT CES PETITS GESTES QUI VOUS PERMETTENT DE CULTIVER LE SENTIMENT D’ABONDANCE, D’ANCRAGE OU DE PAIX AU QUOTIDIEN ?
Le fait d’avoir un intérieur ordonné et clair dans son organisation nous calment et nous apaisent.
Y A-T-IL UNE ASTUCE QUE VOUS AURIEZ AIMÉ APPRENDRE PLUS TÔT ET QUI A TRANSFORMÉ VOTRE FAÇON DE VIVRE ET D’HABITER VOTRE ESPACE ?
Pas vraiment non, je pense que le processus est infini, qu’il repose moins sur des astuces que sur un apprentissage constant de soi, de l’autre, dans mon cas, et de découverte émotionnelle de l’espace en quelques sortes. Comme l’apprentissage de la lumière, par où elle rentre, comment elle bouge… on apprend au fur et à mesure parce que c’est vivant, et jamais identique.
QUELLE CROYANCE LIMITANTE VOUS EMPÊCHE ENCORE DE VIVRE PLEINEMENT CHEZ VOUS AU QUOTIDIEN ?
Parfois, on a des schémas pré-établis. Que la télé doit être l’élément de convergence du mobilier du salon par exemple, ou encore que les tableaux doivent être accrochés au mur.
QUELLE VISION DU FOYER AVEZ-VOUS HÉRITÉE ET QUE VOUS SOUHAITEZ CULTIVER ? QUELLE VISION, AU CONTRAIRE, VOUS SEMBLE LIMITANTE ET DONT VOUS SOUHAITERIEZ VOUS LIBÉRER ?
On aime la perspective d’un foyer ouvert sur l’extérieur tout en cultivant l’intime. On a envie de sortie du schéma où le foyer est une barrière. Les intérieurs qui se renferment trop sur eux. La télé dont on parlait tout à l’heure est un élément central du foyer dans lequel on a grandi, et dont on s’est affranchis peu à peu. Le foyer comme enfermement, avec les visions étriquées sur des bâtiments, le manque d’espace et de perspective visuelle devient une contrainte de moins en moins facile à appréhender.
QUEL ASPECT DE VOTRE VISION DU FOYER AIMERIEZ-VOUS TRANSMETTRE (À VOS ENFANTS, VOS PROCHES, VOTRE COMMUNAUTÉ) ?
Qu’il doit être le reflet de l’écoute de soi au sens le plus large du terme. Qu’il puisse répondre aux questions : qui suis-je ? Qu’est-ce-qui m’anime, me fait du bien ? Qu’est-ce que j’ai envie de dire aux autres sans les mots ?
Que le foyer doit être un reflet de l’essentiel, qu’il doit faire de la place à la puissance de la lumière.
QUEL EST L’UN DE VOS INSTANTS OU ENDROITS PRÉFÉRÉS DANS VOTRE QUOTIDIEN À LA MAISON ?
Le repos dans une chambre zen, épurée, avec des beaux draps dans des matières naturelles, les moments de yoga dans le salon où il y a de l’espace, les moments de repos près de la cheminée.
QUEL ASPECT DE L’UN DE VOS ESPACES DE VIE VOUS SEMBLAIT NÉGATIF, MAIS S’EST FINALEMENT RÉVÉLÉ POSITIF OU PORTEUR D’ENSEIGNEMENTS ?
La cuisine est petite, mais elle nous a appris à aller à l’essentiel, c’est un bel apprentissage et à privilégier l’espace à la technologie par exemple, à reconsidérer notre rapport à la cuisine.
QU’EST-CE QUI A ÉMERGÉ POUR VOUS LORS DU PROCESSUS DE CRÉATION DE VOTRE STUDIO ?
L’élément qui ressort de toute notre aventure jusqu’ici, qui a à la fois toujours été au coeur de notre approche et jamais vraiment assumé tel quel, c’est notre sensibilité à la patine, aux histoires que racontent les fissures, les couches qui se superposent, les morceaux qui restent, ceux qui tombent, ceux que l’on voit et ceux que l’on imagine. C’est le cas pour les objets, pour les murs, pour le sol, même parfois pour les personnes. C’est un élément central qui nous touche, que nous aimons chercher, et révéler. Créer une forme de continuité temporelle qui échappe au temps présent. Qui observe ou imagine le passé pour proposer une perspective, dessiner un chemin.
Faire de ce foyer l’espace d’une démarche aussi sincère et introspective qu’ouvert sur l’autre, sur la matière et son histoire. On veut trouver notre place dans ce que nous faisons, vis-à-vis de ce que nous sommes et vis-à-vis de ce qui nous entoure.
DANS VOTRE ESPACE DE VIE IDÉAL, QUELLE SERAIT LA PREMIÈRE CHOSE QUE VOUS AMÉNAGERIEZ (MÊME UN DÉTAIL) ?
La façon dont la lumière éclaire la pièce, et un espace pour créer près d’une fenêtre, une ancienne table en bois.
SI VOUS NE POUVIEZ EMPORTER QUE QUELQUES OBJETS DE VOTRE LIEU DE VIE ACTUEL, LESQUELS SERAIENT-ILS ?
Des objets attachés à des souvenirs, un duo de céramiques d’un designer contemporain anglais, quelques lampes de chevets qui ont toutes une histoire particulière. Un fauteuil à bascule espagnol qui évoque des souvenirs précis, quelques tableaux.
QUEL SOUVENIR GARDEZ-VOUS D’UN LIEU OÙ VOUS AVEZ VÉCU ENFANT ?
Pierre : D’avoir été souvent entouré de vie, d’objets parfois insignifiants, d’une forme d’ordre dans le désordre. Ou rien n’était forcément cohérent mais où tout trouvait un sens dans une sorte de cacophonie joyeuse, pas bordélique pour autant. Cela m’a donné le goût de l’objet pour ce qu’il symbolise plus que pour ce qu’il est ou ce à quoi il sert je crois.
Araceli : Une cave enduite à la chaux, où je jouais librement, un mélange de liberté et de joie, de paix.
QUELLE SERAIT UNE CHOSE ATYPIQUE QUE VOUS AVEZ MISE EN PLACE OU AMÉNAGÉE CHEZ VOUS, QUI VOUS INSPIRE OU QUI ÉTONNE PARFOIS LES AUTRES ?
Ne pas avoir de télé, même si c’est de moins en moins atypique, utiliser beaucoup de pièces anciennes, y compris dans la cuisine où nos meubles sont d’anciens meubles de boucher.
-
Suivre Studio Doux Août ici.
